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de A à Z, le monde en musiques


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Argentine (VII): digital cumbia

Pour ce dernier article concernant les musiques d’Argentine, je ne pouvais pas laisser passer la “hype” du moment, la digital cumbia (ou nu-cumbia ou nueva cumbia). Tout a commencé à Buenos Aires, dans un club installé dans le quartier chic de Palermo, le club Zizek. Là se réunissaient des artistes qui ont commencé à mélanger la musique à la mode des discothèques (house, hip-hop, etc.) à la cumbia villera locale. Ils élaborent un son nouveau, combinant le neuf et l’obsolète. Le club est une sorte de laboratoire, un lieu où les musiques latines sont réinterprétées, retravaillées en utilisant les ressources de la musique électronique. Une première compilation sort en 2008, ZZK Sound vol. 1 – Cumbia digital, des albums de différents artistes suivront. Je ne sais pas ce que vous pensez de ce style mais dans mon cas, j’ai aimé de suite ces rythmes un peu répétitifs mais toujours ancrés dans la cumbia.

Chancha Via Circuito, Cumbión de las aves – où on entend bien les influences de la musique traditionnelle à laquelle le groupe a rajouté de l’électronique qui rend le morceau très hypnotique:

La Yegros, Viene de mi – un morceau peut-être moins électronique mais d’une chanteuse qui a un certain succès:

Rendez-vous la semaine prochaine pour les musiques d’Arménie !


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Argentine (VI): cumbia villera

A la fin des années 1990 et au début des années 2000, l’Argentine est en pleine crise économique. C’est à ce moment que naît un nouveau style de musique: Pablo Lescano, leader du groupe Damas Gratis, transforme la cumbia commerciale en quelque chose de plus personnel, y ajoutant des beats électroniques et des sonorités issues de la production en reggae. Les rythmes sont simple et joués aux synthés. Les paroles sont crues: elles parlent de drogues, de filles et des ghettos. C’est d’ailleurs dans ces ghetto ou “villas” que cette musique trouve son public, issu des classes populaires sans espoir. Très vite, les concerts des différents groupes remplissent les stades. Et cette cumbia villera sera à la base de la digital cumbia dont je parlerai dans l’article suivant.

Damas Gratis, Se te ve la tanga – le clip officiel avec une fille en bikini qui danse lascivement:


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Argentine (V) – 60’s rock

La mode des Beatles a déferlé comme une tempête en Argentine et a influencé de nombreux groupes dans les années 1960, créant un mouvement rock argentin encore important aujourd’hui (1). Le premier groupe qui a composé ses propres morceaux en espagnol est Los Gatos. Ils sortent en 1967 le single La Balsa, une chanson qui rappelle vaguement les Doors.

  • (1) pour en savoir plus, l’article en anglais de wikipedia est très complet.


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Argentine (IV): chamame tropical

J’ai déjà parlé du chamamé, le genre traditionnel de chansons argentine, mais dans cet article, je voulais mettre en avant un groupe bien particulier. Et je suis sûre que vous ne le regretterez pas ! Dans les années 1970, le chamamé se mélange avec la cumbia venue de Colombie et un nouveau style est créé: le chamamé tropical. Ce n’est pas le genre de musique sur lequel on retrouve beaucoup d’informations sur le net mais voilà, il fallait que je vous présente le groupe Los Caú et leurs magnifiques maquillages blancs et noirs, copiés du groupe Kiss ! Malheureusement, il n’existe pas de clip où on les voit en live mais la pochette du disque est assez explicite.

Los Caú, Valle I:


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Argentine (III) – chamamé

Le chamamé est un style de musique traditionnelle typiquement argentin dont les origines se retrouvent dans le nord-est du pays (Corrientes), une région amérindienne qui a attiré de nombreux immigrants d’Europe Centrale. Ces Tchèques, Polonais, Autrichiens et Allemands (dont beaucoup de Juifs) ont amené avec eux les danses locales: valses, mazurkas, polkas. Celles-ci se sont mélangées avec la musique des Indiens Guarani et avec les rythmes africains des esclaves de la région. Musique rurale des populations pauvres, il a commencé à avoir un succès plus grand quand ces habitants ont migré à Buenos Aires pour travailler dans l’industrie. L’instrument principal est l’accordéon. La plus grande star est Raúl Barboza, qui a eu un certain succès également en Europe, mais Chango Spasiuk, dont les grands-parents étaient ukrainiens, n’est pas en reste.

Chango Spasiuk, Misiones (2005)


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Argentine (II) – tango

Le tango, une musique et une danse à la fois sensuelle, rythmée et pleine de passion. Masculine aussi. Et qui s’est répandue comme une trainée de poudre dans une grande partie du monde, de Paris à Istanbul, de Berlin à Helsinki. Des livres entiers ont été écrits sur le sujet, des milliers de disques ont été enregistrés. Et comme c’est un sujet relativement connu, je ne m’attarderai dessus avec un seul article, préférant consacrer les autres de cette série à des styles moins connus ou plus actuels.

Le tango est une musique urbaine, née à la fin du 19e siècle dans le quartier du port de Buenos Aires et mélangeant les traditions des différentes populations qui y vivaient ou y passaient, Européens fraichement immigrés, métisses, noirs et autochtones. Les influences viennent du flamenco, les mélodies d’Italie du Sud, de la habanera cubaine, des percussions africaines, des polkas et mazurkas européennes, de la contredanse espagnole et des milongas, les chansons des gauchos argentins. A l’origine, c’est une musique associée à la prostitution, où machisme et violence sont de mise. La danse a ce côté possessif et menaçant en même temps.

Le succès mondial vient avec Rudolph Valentino: dans The four horsemen of the apocalypse (1921), il joue le rôle d’un gaucho. Or un gaucho ne danse normalement pas le tango mais à Hollywood tout est possible.

Carlos Gardél (1) contribuera également à la popularisation du tango dans le monde entier. Sa carrière coïncide avec le premier âge d’or du style et avec le développement de la tango-canción dans les années 1920 et 30. C’est sa voix que l’on retient, une voix qui rime avec tango, une voix suave et arrogante en même temps.

Sus ojos se cerraron, issu du film El día que me quieras (1935):

Astor Piazzolla renouvelle le style dans les années 1960. Il crée un tango plein de passion et de sensualité, très intense et souvent très filmique. C’est un des premiers artistes de “musique du monde” dont j’ai écouté et aimé un album entier, The rough dancer and the cyclical night (2). Le morceau Finale (Tango apasionado) est utilisé dans le film de Wong Kar-Wai, Happy Together:

Je vous mets aussi un extrait d’un autre album, Tango: zero hour (3): Concierto para quinteto.

Je pourrais aussi vous parler du tango electronico à la Gotan Project, mais je suppose que vous avez déjà entendu ça !


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Argentine (I) – Selknam

L’Argentine, grand et long pays d’Amérique du Sud, est synonyme dans la tête de beaucoup de monde de tango. Bien qu’un article y sera consacré, je parlerai de plein d’autres styles, anciens et modernes, traditionnels ou pas.

Avant l’arrivée des Européens en Amérique Latine, le continent était habité de peuples indigènes. Il en va de même en Argentine. Je parlerai ici du peuple Selknam habitant la Patagonie et la Terre de Feu. Pourquoi eux ? Parce que les disques Folkways ont publié deux LP (1) d’enregistrements d’une des dernières représentantes de l’ethnie, aujourd’hui disparue. Les Selknam ou Ona étaient des chasseurs nomades d’origine amérindienne, parlant une langue locale de Patagonie. A partir de 1880, les propriétaires terriens ont commencé à clôturer leurs domaines, leurs estancias, pour permettre l’élevage des ovins, et supprimant donc la possibilité  pour les Selknam de nomadiser librement. Ils se sont rebellés, tuant les moutons, mais la force était du côté des colons qui n’ont pas hésité à pratiquer le génocide avec le soutien de l’armée. Ils se sont réfugiés sur leur terre d’origine, en Terre de Feu mais famines et épidémies ont fait le reste.

L’ethnologue franco-américaine Anne MacKaye Chapman a enregistré Lola Kiepja en 1966. Cette chamane interprète des chants traditionnels de son peuple. Ces chants sont bruts, rudes mais aujourd’hui disparus. Le clip reprend l’album dans son intégralité. Pour plus d’informations sur les plages, voir (1).

Ce film muet a été tourné en 1928 et montre quelques pratiques de la vie quotidienne:


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Sur la platine – Janvier 2012

Une nouvelle formule de “Sur la platine”: une par mois, avec quelques commentaires sur les disques que j’ai trouvés intéressants le mois écoulé.

I listen to the wind that obliterates my traces: livre-cd édité par Dust To Digital, compilé par Steve Roden. Old time, gospel et musique hawaïenne enregistrés essentiellement dans les années 20 et 30, accompagnés de photographies anciennes en rapport avec la musique. Très bel objet à feuilleter tout en écoutant une musique d’un autre temps. (Dust To Digital)

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Del’s Jazz Biguine, Les années Ritmo, Paris 1951-1953: Eugène Delouche était un clarinettiste antillais écumant les clubs du Paris de l’après-guerre, où il interprétait un vaste répertoire de biguines, valses et mazurkas créoles mais aussi de jazz et de musiques latino-américaines. Intégrale des enregistrements pour le label Ritmo. Quelque peu désuet mais très plaisant. (Frémeaux & Associés)

Melingo, Corazón & hueso: nouvel album du chanteur argentin à la voix profonde et grave. Tangos sombres et intenses, romantiques et intimistes, tragiques, violents, un style que Melingo définit lui-même par “prototango”. (World Village)

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The original sound of cumbia. The history of Colombian cumbia & porro as told by the phonograph 1948-79: toute l’histoire de deux styles colombiens importants, la cumbia et le porro, expliqués en deux cd. Présentation soignée et disque dansant à souhait. (Soundway)

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Opika pende. Africa at 78 rpm: quatre cd de musique africaine retranscrite depuis des 78 tours édités entre 1909 et le début des années 1960. Un très bel objet, bien documenté, venant du label Dust To Digital. Indispensable pour étudier l’histoire des styles africains et entrevoir leur diversité. (Dust To Digital)

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Ablaye Ndiaye Thiossane, Ablaye Ndiaye Thiossane: après 50 ans de carrière dans divers grands groupes de musique sénégalaise, Ablaye Ndiaye Thiossane sort enfin à 76 ans son premier album solo. Et c’est avec plaisir qu’on écoute son mélange de musiques afro-cubaines et de rumba africaine ! (Syllart)

Lucy Ward, Adelphi has to fly: la scène folk anglaise est extrêmement vivante aujourd’hui et ce disque en est un très bon exemple. Lucy Ward, jeune chanteuse, guitariste et joueuse de concertina (un petit accordéon) originaire du Derby interprète des chansons traditionnelles et des compositions délicates mais poignantes (souvent sur le sujet de la mort). (Navigator)

La reprise du mois: Les Charbonniers de l’Enfer, Le vent nous portera

Le morceau que j’ai le plus écouté ce mois-ci: Cambodian Space Project, A go-go (clip tourné pendant mes vacances à Bangkok)


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Mondes parallèles (Sur la platine – Juin 2010 – II)

Gotan Project, Tango 3.0: beaucoup de choses ont déjà été dites sur ce disque. Je vous renvoie donc aux articles du Dr. FrankNfurter et de Playlist Society. Moi je supporte plus du tout ce tango électronique dont on nous rabâche les oreilles depuis quelques années dans tous les bars lounge. Le premier album de Gotan Project était tout à fait écoutable avant devenir hype. Quant à cet album, j’ai eu beaucoup de mal à passer au-delà de la deuxième plage avec les chœurs d’enfants. Je me suis forcée à l’écouter jusqu’au bout mais de ça n’a résulté qu’un certain énervement. Allez plutôt à la découverte de Carlos Gardel, Astor Piazzolla ou même du tango finlandais… mais je ne vous en voudrai pas si vous faites remonter la cote de ce disque. (Ya Basta, en écoute sur Deezer) 4/10

Cibelle, Las vênus resort palace hotel: un disque luxuriant, baroque, évoquant la jungle tropicale, créant son propre monde en mélangeant électronique, sons brésiliens et exotica. Ne tient peut-être pas la route sur la longueur mais j’adore la reprise de Underneath a mango tree, composé à l’orgine par Monty Norman pour Dr. No. A écouter en tous cas au bord de la piscine avec une piña colada. Voir aussi la chronique sur La musique à papa et une présentation chez Arbobo. (Crammed, en écoute sur Deezer) 7/10

Fool’s Gold, Fool’s Gold: un bien drôle de disque ! Des Américains qui créent un album aux influences africaines chanté en Hébreu ! On entend tour à tour des guitares aux rythmes répétitifs d’Afrique de l’Est (Kenya, dry guitar congolaise), des sonorités éthiopiennes de la grande époque de l’éthiojazz, des touches de blues du désert des Touaregs, des chants sarahouis des nomades du Sahara Occidental, des ambiances funk venant tout droit du Nigéria ou du Ghana… L’avenir du rock serait-il en Afrique ? Un album que j’ai écouté et réécouté et que je n’arrive pas à oublier. Voir l’article de G.T. sur le retour des musiques africaines. (IAmSound Records, en écoute sur Deezer) 9/10